samedi 13 octobre 2012

Téléphérique du Vercors : un projet repeint en "Vert"

[CONTRIBUTION D'UN LECTEUR]


Très cher blog du Téléféérique, bravo pour ce lieu d'expression qui a le mérite de nous ramener les pieds sur terre et de permettre un vrai débat autour des transports dans notre beau Vercors. Voici comme petite contribution, un lien très intéressant sur les 7 péchés de "lessivage vert" (Green washing en anglais) :

Le site n'est malheureusement qu'en anglais mais voici ce qu'il faut en retenir. Il existe 7 péchés de "maquillage en vert" qui démontrent la volonté d'utiliser l'argument "développement durable" et "protection de l'environnement" comme un simple outil marketing de mise en avant d'un produit ou d'un projet, sans aucune contribution réelle à la protection de notre planète. L'ONG Terra Choice défend en particulier un vrai développement durable, qui donne de la visibilité aux consommateurs et leur évite de tomber dans les pièges nombreux du marketing vert.

Les 7 péchés du "maquillage vert"

Péché de compromis caché :  une grande partie de l'enjeu est camouflée ou escamotée.

Péché d'absence de preuve :  la contribution "verte" est déclarée sans apporter aucune preuve sérieuse ou fait étayant la déclaration, en particulier par une tierce partie indépendante et objective.

• Péché d'imprécision :  la contribution "verte" est extrêmement mal définie et peut très facilement induire le consommateur en erreur. Par exemple "ne contient que des produits naturels"  --> Le mercure, l'arsenic, l'uranium sont tous des produits "naturels", et néanmoins très dangereux pour la santé.

• Péché de non pertinence : l'argument "vert" est vrai, mais n'apporte aucun moyen au consommateur de choisir la meilleure solution en terme d'impact. Par exemple la déclaration "sans CFC", dans la mesure où tous les CFC sont interdit par la loi depuis plusieurs années

• Péché du moindre des deux maux :  parle de lui-même. Par exemple : les 4x4 à consommation améliorée, qui restent néanmoins de gros pollueurs ; une petite voiture citadine consommera toujours moins qu'un 4x4 hybride... ou encore les produits bio importés d’Amérique du Sud à grand renfort de pétrole (le carburant nécessaire aux bateaux).

• Péché de mensonge : La déclaration est carrément mensongère. Eh oui cela arrive encore malheureusement trop fréquemment.

• Péché d'adoration de faux label :  le produit, à travers les mots ou les images donne l'impression d’adhésion à un label qui en fait n'existe pas. Par exemple : "ce produit lutte contre le réchauffement climatique".

Alors qu'en est-il du projet de téléporté et de ses arguments écologiques ? Font-ils eux aussi appel aux 7 péchés capitaux du "Green washing"? Je vous offre ici ma lecture du sujet.





Le projet câble : très gros pécheur devant l'Éternel

Péché de compromis caché :
L'utilisation du téléporté sur un territoire très éclaté (avec seulement une gare intermédiaire et un arrêt loin du centre de Lans-en-Vercors) cache le besoin d'organiser des transports relais entre les gares d'arrivées et les lieux de vie. La télécabine écologique est un arbre bien vert pour cacher une forêt de bus ou de voitures personnelles qui ne vont pas diminuer en nombre.

Péché d'absence de preuves et imprécision :
Depuis le début, les vertus "vertes" du projet sont affichées sans grand souci de précision. Aucune étude indépendante sur les impacts et les bénéfices, les conclusions de l'étude faite dans le cadre de la candidature de Grenoble aux Jeux Olympiques de 2018 semblent déjà oubliées (celle-là même qui déclarait comme non rentable un transport par câble vers le Vercors). De même, les hypothèses économiques (fréquentation, nombre de jours d'exploitation, rentabilité, attractivité du tarif) semblent excessivement optimistes.

Péché de non pertinence :
Il est évident qu'un transport par câble est une solution pertinente dès lors qu'un besoin de transit s'articule entre deux points précis, que celle-ci évite tout autre type de transport.
• Un téléporté qui fonctionne sans clients une bonne partie de la journée ou n'est pas assez utilisé consomme de l’énergie, des matériaux et des infrastructures gourmandes en ressources naturelles (béton, acier, cuivre, etc.), sans compter son personne d'exploitation.
• De plus, l'obligation d'organiser des transports relais annule complètement le bénéfice initial. Je ne parle évidemment pas des professionnels, artisans et autres clients qui n'utiliseront pas le câble car il est inadapté à leurs besoins. Quelle est leur proportion dans les fameux pendulaires que l'on souhaite réduire ? On peut sérieusement se questionner sur la pertinence environnementale de l'objet.
• Il est aussi légitime de se poser la question de la pertinence d'un investissement qui prétend réduire la pollution générée par 9000 trajets (Vercors-Agglomération = 2% des flux) quand le nombre de trajets effectués sur l’agglomération se compte en centaine de milliers.

Péché du moindre des 2 maux :
Le système de transport combiné (voiture ou bus + câble) ne met en avant que la partie visible et verte (le câble) d'un iceberg qui ressemble à une usine à gaz. Le Vert ne viendra vraisemblablement pas se substituer aux modes de déplacements existants, il s'y ajoutera.

Il semble donc qu'au moins 5 des péchés du marketing vert sont commis dans ce dossier.


Pour une écologie qui ne soit pas de façade

Mon but ici n'est pas de dénoncer le transport par câble comme non écologique ou de critiquer la volonté de travailler de manière durable sur les transports entre le Vercors et Grenoble. Je souhaite juste poser un regard objectif sur ce projet et m'assurer que la solution au problème n'est pas choisie avant même son énoncé. J'aimerais que toutes les solutions vertes soient étudiées et leur compromis impact / coût / bénéfice et soient analysées avant de faire un choix. Quid par exemple des bus / navettes électriques ou hybrides? Ceux-ci offrent l'avantage d'un bilan écologique intéressant et d'une flexibilité que n'offre pas le câble.
L'objet le plus écologique qui soit perd toutes ses vertus s'il est mal ou pas utilisé. 
Je me suis installé à Saint-Nizier pour une certaine conception du respect de mon environnement de vie. Je serai le premier à supporter une solution de transport plus respectueuse de la planète dans la mesure ou celle-ci apporte une vrai bénéfice et ne vient pas se superposer au modes de transports actuels au lieu de les remplacer.
Je souhaite juste avec ce petit billet rappeler que notre devoir de citoyen est de nous assurer que les décisions de nos élus pour des projets de long terme et d'infrastructure se font de manière pertinente, réfléchie, et sans céder aux effets de mode.