samedi 26 janvier 2013

Le câble à l'assaut des espaces naturels

Cessons de nous contempler le nombril. Regardons un peu autour de nous ces ambitieux projets de câble qui fleurissent sur le territoire français au gré des audacieux politiques qui nous administrent. La Réunion, la Guadeloupe et le Mont Blanc, trois sites hautement touristiques aux atouts naturels indiscutables, se penchent sur cette question d'importance. En ces temps de crise généralisée, il faut bien rêver un peu. Un grand merci à nos élus pour soutenir notre moral en berne.


Le câble à La Réunion : sur un air de désunion

Décidément le câble n'est pas consensuel. Partout des mauvais coucheurs s'opposent aux bienfaits de la modernité. À La Réunion, c'est le Parc national de La Réunion, par la voix de sa directrice, Marylène Hoarau, qui résiste à cette inflation galopante de fils de fer et de pylônes. La directrice d'un parc naturel préoccupée à préserver la nature mordicus ! "C'est le monde à l'envers !" doivent penser nos élus du Parc régional du Vercors, prêts, la couture sur le doigt du pantalon, à ouvrir l'espace aérien du Vercors à une nouvelle espèce de volatile plus rentable probablement selon "leurs critères modernes" que le gypaète barbu ; qui d'ailleurs sert à quoi je vous le demande !

Pour vous rencarder sur le sujet, quelques liens :
• Le numéro de la revue GÉO de janvier sur "Les trésors d'Outre-mer" qui consacre une page au sujet.

Le câble à La Guadeloupe : une odeur de soufre

Même tabac pour notre département des Antilles avec ses spécificités locales. Ici, c'est la route qui s'est effondrée suite à des secousses sismiques, allongeant la durée d'accès au site. Plutôt que de reconstruire les tronçons endommagés, on ressort un projet de téléphérique avec son cortège de "boîte à tourisme" – ici le bien nommé VolcanoPark – et de discours ripolinés par les poncifs habituels : 

- sensibiliser les Guadeloupéens aux risques naturels : éruptions, séismes, tsunamis [doivent les prendre pour des neuneus] ;
- offrir de nouvelles opportunités pour la mobilité des personnes [ceux qui ont la flemme de marcher] ;
- favoriser le développement économique de Basse Terre [en voilà une vraie bonne raison, mais pour qui l'économie ? ].
Du classique en somme. 


Ici comme chez nous, le Parc n'est pas vraiment concerné par l'incursion d'un engin mécanique. Ils doivent avoir d'autres préoccupations. C'est donc une élue qui s'y colle : Evita Chevry, avec des arguments solides à lire ici : http://www.caraibcreolenews.com/news,ccn,1,3355.html
Mais nous savons que les arguments rationnels et l'intérêt collectif sont de peu de poids face aux "intérêts économiques".

« Quant au Parc national de la Guadeloupe, territoire sur lequel se situe la Soufrière et l’établissement du même nom, il n’est pas hostile au projet. Selon lui, cela permettrait de freiner la dégradation du lieu causée par les voitures. Cependant, certains se demandent pourquoi ne pas tout simplement remettre en état la portion de route effondrée et instaurer un système de transport en commun (bus ou carrioles à cheval) afin d’accéder au pied du dôme de la Soufrière… ». Trop simple comme solution, ça nous rappelle quelque chose…
Le câble au sommet : on se lève tous pour Mont Blanc

Le projet sommeille, mais nul doute qu'il va bientôt sortir des cartons. En avant-projet, il est déjà question de creuser un tunnel au Grand Couloir, voie d'accès au clinquant nouveau refuge de l'Aiguille du Goûter. Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? On entend bruisser les arguments : "Il faut sécuriser l'accès au toit de l'Europe" "La montagne est à tout le monde" "Ta grand-mère en short au sommet, c'est possible !". Que de braves et bons sentiments. C'est vrai, pourquoi ce sommet mythique ne serait réservé qu'à une escouade d'alpinistes musculeux prêts à y risquer leur vie ? Amis du câble et pourfendeurs des discriminations, au nom de l'égalité réagissez, créez votre association : "Le droit au Mont Blanc pour ceux qui voudraient bien mais qui ne peuvent pas". Succès d'audience garanti. 
Allez, encore quelques aménagements et ce rêve de partage universel nous verra tous réconciliés, trinquant en terrasse, sur la plus haute cime de l'Europe. On en a la larme à l'œil.



Pour vous rencarder sur le sujet, quelques liens :
• http://www.skitour.fr/actu/2306-vers-un-tunnel-pour-la-traversee-du-couloir-du-gouter